D360 / Michel
/ 65 ans / Baiturie /
Jeune retraité
Et on continue le marathon des dîners de famille !
Cette fois-ci c’est chez ma tante, et en arrivant j’interviewe Michel, l’ami de
ma tante.
Michel est né et a fait ses écoles à Sorvilier.
Il a ensuite été mécanicien de précision à la maison Wahli à Bévilard. « Je
ne savais pas quoi faire et je me suis engagé là-dedans les yeux fermés, en
suivant le conseil d’amis. Mais c’était vraiment bien, j’ai eu la chance d’y
rester pendant 30 ans. J’ai pratiqué plusieurs métiers dans la même
entreprise : tourneur, tailleur, meuleur, monteur, etc. Mais après 30 ans,
j’ai démissionné car j’ai senti la crise arriver. Je suis alors parti chez Robert
et Schneider à Crémines, où je suis resté 20 ans, jusqu’à la retraite. J’y
étais mécanicien et monteur de haute précision. Ce travail était
magnifique ! C’étaient les plus belles années de ma vie de mécanicien,
c’était le top ! », me dit-il avec énorme sourire.
Et la retraite c’est comment ? « Alors,
j’ai plus de temps ! Je suis un grand marcheur et je viens d’accomplir un
défi personnel : partir de Porrentruy et aller jusqu’au Tessin sans
prendre un seul véhicule. Cela m’a pris 11 jours. C’était une expérience
magnifique, j’ai fait de belles rencontres avec les gens de toutes les
régions. » Il me dit que lorsqu’on est bien entrainé, ce n’est pas trop
dur, même si « il faut parfois serrer les dents. »
Question indispensable, je lui demande comment il
a rencontré ma tante. « Je suis allé à Moron au chalet du Ski Club à Perrefitte.
Et là, une dame m’a dit que si j’étais seul, elle avait une amie qui serait heureuse
de faire ma connaissance. J’ai répondu que je ne voulais rencontrer personne,
mais un mois plus tard j’ai reçu un coup de fil de cette dame qui m’a donné le
numéro de ta tante. J’ai finalement décidé de l’appeler. Nous nous sommes vus pour
la première fois à l’Oasis à Moutier. C’est fou, parce que ce n’est que du
bonheur maintenant. Je n’ai aucune idée de pourquoi cette dame à fait ça pour
nous. C’était un 29 juillet, il y a un an et demi. C’est fou comme les
routes parfois ce croisent.
Depuis j’ai rencontré énormément de monde, j’ai dû
m’adapter. Ma vie avait toujours été beaucoup plus calme. Avec elle j’ai appris
à danser, à faire un peu la fête, à connaître les gens de sa famille. Elle
connaît tellement de monde ! Cette nouvelle vie me plait énormément. C’est
comme une nouvelle naissance, mais sans abandonner ce que j’ai vécu avant. C’est
une sacrée chance ce qui nous arrive. C’est comme si on avait 30 ans tous
les deux ; on a une magnifique énergie à tous les deux. »
Michel me parle de ses passions :
« Principalement le sport à la base. La montagne depuis toujours, le ski, le
vélo, la course à pied. J’aime aussi beaucoup la nature, couper le bois : je
faisais 100 stères de bois par année. J’aime aussi faire du feu, des torée en
famille. Je connais presque toutes les fleurs aussi », m’énumère-il avec
un grand sourire. Je me permets de préciser qu’il connaît également presque tous
les sommets de la Suisse.
Michel est aussi artiste-peintre, il pratique
depuis enfant. « Je peins des montagnes, des fermes… C’est de la peinture
à huile. Je fais moi-même les cadres avec le bois ramassé à la
forêt. »
Quel est ton rêve ? « C’est d’aller
faire une croisière sur le Danube ! » Il m’explique qu’il connaît
très bien la Suisse, mais pour le reste du monde, il s’est juste rendu deux fois
en Corse et une fois en Sardaigne. Il est également allé voir sa fille à Nîmes.
« Je suis aussi allé en Autriche avec ta tante. » Mais sinon, rien de
plus. En rigolant il me dit : « Mais c’est comme ça. J’aimerais
voir d’autres choses, et j’ai tout le temps possible maintenant, je me
réjouis. »
Heureux ? « Ah ouais, toujours ! »
Il rajoute : « Je suis heureux par le fait de découvrir cette
nouvelle vie. C’est clair qu’il y a des moments où ça va moins bien. J’ai un
passé pas évident, mais c’est justement du passé. Il faut vivre avec ceux qui
sont vivants. Moi, ce qui me rends malheureux c’est quand je fais souffrir
quelqu’un de mon entourage que j’aime. Mais sinon je chante, je vis, je suis
heureux, et là j’ai une belle vie. »
Nous finissons sur son message : « La
vie vaut la peine d’être vécue et il ne faut pas perdre de temps à faire la
guerre à son prochain. Il peut
vite arriver quelque chose et après c’est trop tard. Il faut savoir pardonner
pour avancer. La belle vie c’est de vivre en harmonie avec son
entourage. »